Pour la seconde fois en une semaine, l’annonce d’un vaccin COVID-19 « prometteur » a provoqué l’euphorie des marchés boursiers mondiaux et déclenché une avalanche d’articles positifs qui, pour la plupart, ont évité toute question rabat-joie sur l’innocuité du vaccin ou la transparence des données.

Lundi, Moderna a annoncé que son vaccin candidat COVID à l’ARNm-1273 était efficace à 94,5 %, selon les données provisoires de l’essai de phase 3.

La semaine dernière, Pfizer a annoncé que l’analyse des données préliminaires de l’essai de phase 3 indiquait que son vaccin BNT162b2 COVID, développé avec son partenaire allemand BioNTech, était « efficace à plus de 90 % ».

Les deux annonces ont pris la forme de communiqués de presse — aucune des deux entreprises n’ayant fourni les données réelles de leurs tests. Bien que les taux d’efficacité chez le 90e centile aient été suffisants pour créer l’euphorie de Wall Street et de la plupart des médias, au moins une publication, STAT, souligna ce que les entreprises elles-mêmes n’avaient pas fait : ces deux essais sont en cours et, à mesure qu’ils se poursuivent, les taux d’efficacité pourraient diminuer, car « il arrive souvent qu’un vaccin soit moins performant dans le monde réel qu’il ne l’est dans le cadre d’un essai clinique ».

STAT nota également qu’aucune des deux entreprises ne peut affirmer combien de temps le vaccin, qui dans les deux cas est administré en deux doses, peut protéger car « cela ne peut être déterminé qu’au fil du temps lorsqu’un grand nombre de personnes sont vaccinées. »

Les deux fabricants de médicaments ont déclaré qu’ils demanderont l’autorisation d’utilisation d’urgence de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis pour leurs vaccins expérimentaux dès que ceux-ci satisferont aux critères. L’autorisation décernée exclusivement au premier vaccin COVID approuvé par la FDA, qui permet aux fabricants de vaccins de contourner l’inspection standard obligatoire de sécurité et conformité de leurs usines de production de vaccins, correspond en fait à un “grand-gagnant-raffle-tout”.

Ces annonces ont provoqué une forte hausse du cours des actions des entreprises. Lundi, l’action Moderna augmenta de près de 15%. Selon STAT, « Chaque mardi, le médecin en chef de Moderna s’enrichit d’environ 1 million de dollars » en vendant son stock existant à une régularité de métronome grâce aux transactions pré-programmées, « lui rapportant plus de 50 millions de dollars depuis le début de la pandémie. »

L’annonce de Moderna a également soutenu le cours des actions des entreprises qui pourraient bénéficier de la réouverture de l’économie, y compris les compagnies aériennes, les navires de croisière et les banques.

La semaine dernière, le PDG de Pfizer, Albert Bourla, provoqua des froncements de sourcils en vendant 5,6 millions de dollars d’actions Pfizer le jour même où le fabricant de vaccins faisait son annonce « 90 % efficace ». A propos de la vente, NPR déclarait qu’elle faisait partie d’un plan de négociation d’actions de plus en plus controversée qui « vise à protéger les dirigeants d’entreprise contre les allégations de délit d’initié. » Le plan de désinvestissement— légal mais controversé à cause des abus — permet aux principaux actionnaires de vendre un nombre prédéterminé d’actions à un moment prédéterminé et est souvent utilisé par les dirigeants d’entreprise pour éviter les accusations de délit d’initié.

Tant d’éloges, si peu de questions

Face à tout le battage médiatique entourant la vitesse à laquelle les vaccins Pfizer et Moderna seront prêts, combien de milliards de doses seront disponibles, qui sera le premier à les obtenir et comment les vaccins nous ramèneront tous à la « normal », il y a eu si peu d’investigation concernant l’innocuité et l’efficacité prouvée de ces vaccins.

Selon Mary Holland, avocate générale de Children’s Health Defense (CHD), c’est une erreur.

« Imaginer que le vaccin COVID expérimental de Moderna, testé depuis moins d’un an, sera sûr est une douce illusion », a déclaré Mary Holland. « Il existe une bonne raison pour laquelle les producteurs de vaccins insistent sur l’indemnisation systématique des dommages corporels et décès. »

Holland fait référence au fait que les fabricants de vaccins, déjà à l’abri de toute responsabilité pour les préjudices liés à la vaccination en vertu de la Loi nationale de 1986 sur les préjudices causés par les vaccins chez les enfants, ont bénéficié d’une protection élargie par le biais de la Déclaration en vertu de la loi sur la préparation du public et la protection civile en situation d’urgence (loi PREP) pour les contre-mesures médicales contre la COVID-19 en mars.

En fait, comme Mary Holland l’a souligné — dans l’UE, du moins — les fonctionnaires s’attendent à un volume élevé de vaccins nocifs, comme en témoigne cet avis récent de la Medical and Healthcare Products Regulatory Agency qui est à la recherche « de toute urgence » d’un « logiciel d’Intelligence Artificielle (IA) qui puisse traiter le volume élevé de vaccins COVID-19 et analyser leurs effets indésirables… »

Pourquoi tant de secrets ?

L’innocuité et la transparence des vaccins vont de pair, et Moderna obtient de faibles notes pour les deux. L’entreprise, créée en 2010 et rebaptisée en 2016, n’a pas encore produit un seul vaccin commercial. Pourtant, Moderna a pu s’inscrire à l’Opération Warp Speed, un partenariat public-privé très secret, à forte dominante militaire, dont la majorité n’a aucune expérience dans les soins de santé ou la production de vaccins. La participation au programme signifie que les contribuables paient une grande partie de la facture de développement du vaccin de Moderna. Comme l’a rapporté le New York Times :

« Le gouvernement des États-Unis a fourni un milliard de dollars pour appuyer la conception et l’essai du vaccin Moderna. Des chercheurs des National Institutes of Health ont supervisé une grande partie de la recherche, y compris les essais cliniques. Moderna a également reçu 1,5 milliard de dollars supplémentaires en échange de 100 millions de doses si le vaccin s’avérait sûr et efficace.

Selon Public Citizen, le National Institutes of Health (NIH) détient une participation de 50 % dans le vaccin à l’ARNm-1273 de Moderna, qu’il a aidé à développer sous la direction de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), dirigé par le Dr Anthony Fauci. En fait, comme l’a rapporté Public Citizen au mois de juin :

« Moderna a considérablement bénéficié du soutien fédéral. Comme nous l’avons décrit dans The People’s Vaccine, le gouvernement américain a fourni des millions de dollars à Moderna dès 2013 pour l’aider à développer sa technologie d’ARNm. Entre-temps, les NIH ont également mis au point de nouvelles méthodes pour cibler les protéines spiculaires de coronavirus. Lorsque le nouveau coronavirus est apparu à Wuhan, les NIH ont travaillé avec Moderna pour concevoir et tester un vaccin. La Biomedical Advanced Research Development Authority (BARDA) des États-Unis a fourni 483 millions de dollars supplémentaires à Moderna pour développer davantage le vaccin et intensifier la fabrication.

Malgré tout l’argent des contribuables investi dans la mise au point de vaccins par Moderna et d’autres inscrits à l’opération Warp Speed, le manque de transparence domine ce programme ainsi que les contrats entre fabricants de vaccins et le gouvernement américain.

Par exemple, en octobre, CHD faisait état d’un contrat entre le NIAID et le vaccin candidat principal de Moderna. Le document obtenu par la journaliste Emily Kopp du Congressional Quarterly, par le biais d’une demande de loi sur l’accès à l’information aux NIH, était une version lourdement expurgé du contrat, soulevant donc des questions sur Fauci, la transparence et les conflits d’intérêts. En vertu d’un autre contrat du NIAID, le Pentagone est tenu d’acheter 500 millions de doses du vaccin COVID de Moderna pour 9 milliards de dollars.

La vitesse prime-t-elle sur la sécurité ?

À l’image du vaccin Pfizer, l’ARNm-1273 de Moderna utilise la technologie de l’ARN messager synthétique (ARNm), un type de génie génétique jamais utilisé auparavant, et donc beaucoup moins sûr, dans la production de vaccins.

Pourtant, dans le cadre de l’Opération Warp Speed, les fabricants de vaccins précipitent sur le marché en un temps record cette technologie non testée et non prouvée.

Voici comment fonctionne la technologie, selon le magazine de recherche et d’innovation de l’UE, Horizon :

« Pour produire un vaccin ARNm, les scientifiques produisent une version synthétique de l’ARNm qu’un virus utilise pour construire ses protéines infectieuses. Cet ARNm est délivré dans le corps humain, dont les cellules le lisent comme des instructions pour construire cette protéine virale, et donc créer certaines des molécules du virus eux-mêmes. Ces protéines sont solitaires, de sorte qu’elles ne s’assemblent pas pour former un virus. Le système immunitaire détecte alors ces protéines virales et commence à produire une réponse défensive à celles-ci.

Étant donné qu’il n’existe pas encore de vaccins contre l’ARNm, il est impossible de prédire quel type de conséquences ou de préjudices à long terme pourraient découler de leur utilisation.

Tal Brosh, chef de l’unité des maladies infectieuses à l’hôpital Samson Assuta Ashdod, a déclaré cette semaine au Jerusalem Post que les vaccins contre l’ARNm sont dotés de « risques uniques et inconnus », y compris des réponses inflammatoires locales et systémiques qui pourraient conduire à des maladies auto-immunes.

Le Jerusalem Post mentionnait également un article publié par le National Center for Biotechnology Information, une division des NIH, selon lequel les vaccins ARNm comprennent d’autres risques comme la biodistribution et la persistance de l’expression immunogène induite, le développement possible d’anticorps auto-réactifs ainsi que des effets toxiques des nucléotides non indigènes et des composants du système de livraison.

Un autre potentiel risque du vaccin ARNm-1273 de Moderna était absent de l’annonce faite lundi par le fabricant : le vaccin repose sur un « système porteur » à base de nanoparticules contenant un produit chimique synthétique appelé polyéthylène glycol (PEG). Environ sept Américains sur dix seraient déjà sensibilisés au PEG, ce qui pourrait entraîner une réduction de l’efficacité du vaccin et une augmentation des effets secondaires indésirables.

Moderna est déjà au courant. Dans une déclaration déposée en 2018 auprès de la Securities and Exchange Commission des États-Unis, le fabricant déclarait aux investisseurs que l’utilisation du PEG dans ses vaccins « pourrait entraîner des effets indésirables importants dans un ou plusieurs de nos essais cliniques ».

En juin 2020, Children Health Defense rapportait l’histoire de Ian Haydon, qui faisait partie des 15 volontaires du groupe à forte dose pour l’essai vaccinal COVID de Moderna. Selon le communiqué de presse de Moderna, en l’espace de 45 jours, trois participants — 20 % des bénévoles, dont Haydon — ont subi des effets indésirables « graves », ce qui signifie qu’ils ont dû être hospitalisés ou faits l’object d’une intervention médicale. Moins de 12 heures après la vaccination, Haydon a souffert de douleurs musculaires, de vomissements, d’une fièvre de 103,2 degrés et d’une perte de connaissance. Le superviseur de l’essai Moderna demanda à Haydon d’appeler le 911, auquel Haydon s’est décrit comme « n’ayant jamais été aussi malade de sa vie ». Moderna déclara à Haydon, qui avait été sélectionné sur la base de son« excellente santé », que son état n’était qu’une triste coïncidence sans rapport avec le vaccin. Moderna n’a jamais déclaré à Haydon qu’il souffrait d’un effet indésirable.

En août, CHD envoya plusieurs lettres au Dr Jerry Menikoff, directeur de l’Office for Human Research Protections, Department of Health and Human Services et Anthony Fauci, dans son rôle de directeur du NIAID, détaillant les préoccupations au sujet de l’utilisation du PEG dans le vaccin à ARNm-1273 de Moderna. Dans la lettre à Menikoff, le CHD a écrit que l’utilisation de PEG dans les médicaments et les vaccins est de plus en plus controversée en raison de l’incidence bien documentée des réactions immunitaires défavorables liées au PEG, y compris l’anaphylaxie qui peut être mortelle. Dans sa lettre à Fauci, le CHD a exhorté celui-ci d’exiger de Moderna qu’elle informe les participants aux essais cliniques des risques uniques associés au PEG dans le vaccin Moderna mRNA1273 financé par le NIAID.

Avec le flot d’information croissant atour du futur vaccin COVID et de ses potentiels bénéfices à mesure que les semaines passent, nous pouvons espérer que davantage de médias grand public exposeront les risques et le manque de transparence entourant la vaccination.