La course bat son plein

Alors que tout le monde essaie de choisir les gagnants potentiels de la course mondiale pour produire des vaccins COVID, gardez une pensée pour ceux d’entre nous qui sont les cobayes. Nous, le public, ainsi que des médecins inquiets et d’autres professionnels de santé, devons être très clairs sur les renseignements dont nous avons besoin pour donner notre consentement — en supposant que le déploiement du vaccin ne soit pas obligatoire dans votre pays ou votre État.

Cela ne devrait pas être une demande hors du commun si nous avions des démocraties fonctionnelles. Mais dans la plupart des pays qui ont bénéficié d’une gouvernance démocratique ces dernières années, les mesures d’urgence accordées par l’Organisation mondiale de la santé, qui a déclaré la COVID-19 une «pandémie» le 11 mars 2020, ont vu la démocratie largement remplacée par la coercition et le régime autoritaire.

De surcroît, ceux qui posent des questions sur les vaccins ont été marginalisés en tant que complotistes. Une vaste enquête internationale menée auprès de plus de 13 000 personnes dans 19 pays publiée dans Nature Medicine a révélé que 71 % des personnes interrogées accepteraient la vaccination si elle “s’avérait sûre et efficace” (mais qui statue)?

Le taux d’acceptation le plus élevé (88 %) a été trouvé en Chine et le plus bas en Russie (55%). La même étude a révélé que l’acceptation était fortement corrélée à la confiance envers les gouvernements — un autre rappel que les gouvernements qui n’ont pas réussi à gagner la confiance de leur peuple doivent assumer une certaine responsabilité dans le manque de confiance dans les vaccins.

Pas assez de données

Pour beaucoup de gens, le problème n’est pas seulement un manque de confiance, mais un manque de données. Des scientifiques comme le Dr Tom Jefferson, du Centre for Evidence Based Medicine de Cochrane et de l’Université d’Oxford, ainsi que le Dr Peter Doshi, rédacteur en chef adjoint du BMJ, ont longtemps plaidé en faveur d’une transparence totale des données des essais afin de permettre l’analyse indépendante des essais cliniques menés par les fabricants de vaccins (et de médicaments).

La demande de transparence est également demandée par Médecins Sans Frontières (MSF) qui a récemment mis en garde “… le peu d’information qui a été révélée au sujet des promesses sans but lucratif d’AstraZeneca devrait être un signe d’alerte, on ne peut pas faire confiance aux entreprises pharmaceutiques pour agir dans l’intérêt de la santé publique”.

Bien que certains fabricants de vaccins aient accepté de ne pas profiter de la pandémie, AstraZeneca a clairement indiqué qu’elle limitait son engagement à but non lucratif au 1er juillet 2021, qui, selon elle, sera la fin de la période pandémique.

Il est clair qu’ils ont accès à une boule de cristal que nous n’avons pas!

Annonces de Pfizer et Moderna

L’annonce de presse de Pfizer le 9 novembre stipulait que son vaccin BNT162b2 était “efficace à 90%”. Elle a été suivie par l’affirmation de Moderna de “94,5 % d’efficacité”. Moderna a ensuite été devancé de peu par le médaillé d’argent de la semaine précédente, Pfizer, lorsqu’il est revenu avec son allégation d’efficacité à 95% hier, lors de l’achèvement de son essai clinique de phase 3. Bien sûr, cette différence de la moitié d’un pour cent n’a aucun sens en termes de pertinence statistique.

Toutes ces revendications pleines d’entrain ont été faites en mentionnant à peine le manque d’événements indésirables graves, que vous devez savoir sont ceux qui mettent en danger la vie. Le fait que neuf des principaux développeurs de vaccins se sont engagés à donner la première place à la sécurité des consommateurs et des patients COVID-19 (donc avant les bénéfices) vise sans aucun doute à renforcer la confiance d’un public hésitant.

Si cela ne suffisait pas — les ondes sont pleines de nouvelles du vaccin Oxford/AstraZeneca, grâce à un article récemment publié dans la revue The Lancet. Il titrait que l’immunité était aussi bonne chez les personnes âgées que chez les plus jeunes, mais que nous n’avons pas suffisamment de détails sur la cinétique de la réponse immunitaire adaptative pour vraiment juger cette revendication objectivement. Peu d’accent a été mis sur le fait que les effets indésirables étaient pires pour le vaccin génétiquement modifié de chimpanzé ciblant le SARS-CoV-2 par rapport au groupe contrôle du vaccin contre la méningite.

Mais comme avec toute promesse de marketing, il y a plus d’un argument clé de vente, à savoir l’efficacité revendiquée dans un essai de phase 3. D’autres acteurs comme Johnson & Johnson et Novavax affirment que les températures de réfrigération standard requises pour leurs vaccins seront probablement plus adaptées à la logistique et à la distribution mondiales.

Manifeste pour la transparence des vaccins

En mai 2020, avec nos collègues de la British Society for Ecological Medicine, nous avons lancé un manifeste pour les 10 critères d’information que nous pensions être des conditions préalables à l’obtention d’un consentement éclairé à la vaccination COVID. Il s’agit notamment que les fabricants mettent les données brutes des essais cliniques à disposition dans le domaine public afin de permettre l’analyse indépendante, qu’ils divulguent la liste complète des ingrédients dans les vaccins et quel est l’état de l’immunité acquise naturellement dans les populations représentatives avant la vaccination.

Le tableau ci-dessous montre où les vaccins BioNTech/Pfizer et Moderna se situent à ce jour selon nos critères de transparence. Il y a manifestement un long chemin à parcourir avant que la transparence significative puisse être déclarée.

Table. État actuel de la transparence sur les vaccins BioNTech/Pfizer et Moderna à ARNm. Le 19 novembre 2020

Il est impossible de donner un consentement bien informé sans cette information.

Analyse des données

Mais avoir les données et les informations nécessaires n’est que le point de départ. Ensuite, vous devez les analyser. Une priorité importante pour beaucoup sera de mettre en balance le profil risque/bénéfice connu du vaccin et les besoins. Pour ce faire, il faut comprendre le danger que représente le virus, dont la virulence s’affaiblit probablement, et il faut connaître l’étendue de l’immunité acquise naturellement. Il faudra également tenir compte d’autres interactions potentielles, telles que la corrélation observée entre la vaccination contre la grippe et les décès liés au COVID.

Une étude récente a suggéré que les seuils d’immunité collective qui interrompt la progression de la transmission pourraient être aussi bas que 10 à 20% pour l’immunité naturellement acquise, par rapport à plus de 60% si l’immunité devait être acquise par la vaccination randomisée. La réalité est qu’il faudra encore beaucoup de mois pour comparer le modèle complexe de l’immunité au long cours à partir des cellules B et T mémoires, et il se peut fort bien que l’exposition au virus réel provoque une réponse plus robuste et persistante que l’exposition à, par exemple, la protéine spike produite de façon endogène suite à l’injection de séquences synthétiques d’ARN messager.

Ne nous blâmez pas d’avoir demandé

Au vu de la quantité d’informations que nous ne connaissons pas ou nous n’avons à ce stade, il n’est pas clair pour nous pourquoi ceux d’entre nous qui demandent plus d’informations sur la production actuelle de vaccins COVID en cours de développement sont si marginalisés et ridiculisés. Nous exerçons simplement notre droit au consentement éclairé.

Publié avec la permission d’Alliance for Natural Health International.