Alors que les détails sur les derniers candidats vaccins COVID inondent quotidiennement les journaux, les rapports faisant état d’inquiétudes concernant l’innocuité et l’efficacité des vaccins sont très répandus parmi de nombreux groupes démographiques, y compris la communauté médicale.

Alors que l’hésitation vaccinale augmente, les agences, y compris l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), intensifient leurs efforts pour renforcer la confiance face aux vaccins par le biais de campagnes de relations publiques et de communication.

Des enquêtes révèlent l’hésitation vaccinale

Des chercheurs de la Karin Fielding School of Public Health de l’Université de Californie à Los Angeles ont interrogé le personnel de santé travaillant dans la région métropolitaine de Los Angeles. Comme l’a rapporté le Washington Post, ils ont constaté que les deux tiers (66,5%) des travailleurs de la santé “ont l’intention de retarder la vaccination”, ce qui signifie qu’ils n’ont pas l’intention d’obtenir le vaccin COVID lorsqu’il sera disponible. Ils prévoient plutôt d’examiner les données une fois qu’il sera largement administré et prouvé sans danger.

Soixante-seize pour cent des travailleurs de la santé hésitants à se faire vacciner ont cité le “développement accéléré du vaccin” comme principale raison de leurs préoccupations. En règle générale, le développement des vaccins prend entre huit et dix ans, a déclaré à CNN la Dre Emily Erbelding, experte en maladies infectieuses au National Institute of Allergy and Infectious Diseases, dans un article intitulé “Le calendrier pour un vaccin contre le coronavirus est de 18 mois. Les experts disent que c’est risqué”.

Les vaccins en tête de la course contre le coronavirus — Pfizer, Moderna et AstraZeneca — devraient faire leurs débuts en janvier. Les géants pharmaceutiques ont accéléré de façon exponentielle la chronologie moyenne en termes de sécurité et de vérification lors de la mise au point et de la production des vaccins, afin de mettre les vaccins sur le marché en moins d’un an. Mme. Erbelding a admis que le rythme accéléré implique de “ne pas examiner toutes les données”.

Susan Bailey, présidente de l’American Medical Association, a déclaré dans une vidéo que le nombre de médecins exprimant de l’hésitation était “sans précédent” et “représentait un risque réel” pour la confiance du public dans les vaccins.

Un récent sondage Gallup a montré que seulement 58% des Américains prévoient d’obtenir le vaccin COVID quand il est disponible. Un sondage mené en octobre par Zogby a révélé que près de 50 % des Américains sont inquiets au sujet de l’innocuité des vaccins COVID en cours.

Un nouveau projet collaboratif d’enquête mené par la National Association for the Advancement of Colored People et par Langer Research a révélé que les Noirs et les Latino-Américains sont extrêmement préoccupés par le prochain vaccin COVID.

L’enquête, comme indiqué dans le Washington Post, prétend être “l’une des plus grandes et des plus rigoureuses menées sur ce sujet à ce jour”. L’enquête a constaté que seulement 14% des Noirs américains croient qu’un vaccin sera sûr, tandis que seulement 34% des Latino-Américains croient qu’il sera sûr.

L’enquête a également révélé, dans le contexte de la COVID, que seulement 19% des Noirs américains font confiance aux compagnies pharmaceutiques, tandis que moins d’un tiers font confiance à la Food and Drug Administration des États-Unis pour “protéger leurs intérêts”.

Selon le Comité consultatif sur les pratiques de vaccination, un groupe d’experts médicaux qui conseille les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), les craintes entourant les effets secondaires douloureux ou nocifs du vaccin COVID sont enracinées dans la réalité.

Selon CNBC, lors d’une réunion virtuelle du Comité consultatif sur les pratiques d’immunisation le 23 novembre, la Dre Sandra Fryhofer a dit à d’autres responsables des CDC que les patients doivent être conscients que les effets secondaires des vaccins COVID “ne seront pas une partie de plaisir”. Fryhofer a reconnu que les effets secondaires des vaccins ont été rapportés comme imitant les symptômes d’un cas bénin de COVID, comprenant la douleur musculaire, la fièvre, les frissons et les maux de tête.

Fryhofer, qui a expliqué que les vaccins COVID de Pfizer et Moderna nécessitent deux doses, craint que ses patients ne reviennent pas pour une deuxième dose après avoir subi des effets secondaires potentiellement désagréables après le premier vaccin.

Comme l’a fait remarquer un participant aux essais du vaccin Moderna, “je n’ai jamais été aussi malade“.

Les responsables de la santé tentent de lutter contre l’hésitation vaccinale

Malgré cela, les fonctionnaires au cœur de la réponse contre la COVID comptent lutter contre les inquiétudes en matière de sécurité des vaccins et contre l’hésitation en utilisant ce que certains appellent des techniques psychologiques douteuses.

Par exemple, l’OMS, qui a identifié “l’hésitation vaccinale ” comme la principale menace mondiale pour la santé publique, a embauché la firme de relations publiques Hill + Knowlton afin d’identifier les micro-influenceurs, les macro-influenceurs et les “héros cachés” sur les médias sociaux qui pourraient promouvoir secrètement l’image de l’organisation en tant qu’autorité en matière de Covid afin de “s’assurer que les conseils et les recommandations de l’OMS sont suivis”.

Cass Sunstein, président du Groupe consultatif technique de l’OMS en matière de sciences comportementales, a récemment écrit un article dans Bloomberg dans lequel il a fait la promotion de l’utilisation de célébrités populaires, d’athlètes et d’acteurs comme outils de persuasion vaccinale contre ceux qui “manquent de confiance vaccinale”.

“Des politiques, des athlètes ou des acteurs de confiance — considérés comme « l’un d’entre nous » plutôt que « l’un d’entre eux » – pourraient promouvoir explicitement la vaccination et signaler qu’ils ont eux-mêmes reçu le vaccin”, a écrit M. Sunstein.

Ensuite, il y a le “Guide to COVID-19 Vaccine Communications” [Guide de communication sur les vaccins COVID-19, NdT], développé par l’Université de Floride et les Nations Unies, qui vise à aider les gouvernements à améliorer l’adhésion aux vaccins COVID. Les auteurs du guide font la promotion de la tactique qui consiste à utiliser secrètement des leaders d’opinion fiables pour aider à diffuser l’information pro-vaccin.

Citant l’hésitation vaccinale au sein de la communauté afro-américaine, le guide suggère que les barbiers et les salons de coiffure dans les quartiers à prédominance noire pourraient être exploités pour aider à diffuser des messages vaccinaux approuvés.