Le Centre de la biodiversité a demandé la semaine dernière au président élu Joe Biden de tenir sa promesse et de ne pas ” tourner autour du pot”en parlant de solutions à la crise climatique planétaire. Le Centre de la biodiversité a ainsi publié un rapport détaillant les 50 mesures que Biden peut prendre sans l’accord du Congrès dans les domaines de la biodiversité, la pollution, l’injustice environnementale et le réchauffement climatique.

Le rapport intitulé: ‘La dernière décennie pour sauver la planète‘, tire son nom de la mise en garde des climatologues sur la nécessité de la réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre au cours des 10 prochaines années pour limiter le réchauffement de la planète à un maximum de 1,5 º Celsius d’ici 2050.

Ce rapport se concentre sur les cinq domaines clés où le gouvernement Biden pourait avoir un impact durable face à l’urgence climatique, comme l’avait fait le Congrès il y a quelques années avec deux lois: Loi sur l’environnement (National Environmental Policy Act) et Loi sur les espèces en danger (Endangered Species Act).

Selon ce rapport, la nouvelle administration doit sévir contre la corruption et le lobbying des entreprises polluantes, faire face à la crise climatique, protéger la santé et l’environnement contre les produits chimiques dangereux, rétablir une faune sauvage abondante et renforcer les mesures de protection des sols.

La première mesure que Biden peut prendre pour faire face aux crises climatique et écologique c’est de les déclarer officiellement urgences nationales en vertu de la Loi nationale sur les situations d’urgence de 1976, une décision qui débloquerait immédiatement des mesures d’urgence ‘capables d’accélérer la transition vers l’énergie verte.’

Après avoir pris cette décision, Biden pourrait rétablir l’interdiction de 2015 d’exportation de pétrole brut, créer des millions d’emplois en lançant la fabrication de panneaux photovoltaïques, de matériel d’installation, de batteries, de micro-réseau et de matériel à faible coût énergétique en vertu de la Loi ‘Defense Production Act’ (DPA) et réorienter les fonds militaires vers la construction d’énergie verte et renouvelable et vers des projets d’infrastructure de réseau intelligent sur des propriétés gouvernementales.

“Le président Biden a déclaré que son administration ne ‘tournerait pas autour du pot’, mais travaillerait pour le futur car aucun président ne peut revenir en arrière. Ce sont exactement les recommandations inscrites dans le plan d’action proposé”, a déclaré Brett Hartl, directeur des affaires gouvernementales au Center for Biological Diversity. “Si la crise climatique et la menace d’extinction des animaux sont prises pour de véritables urgences nationales et que les actions sont menées en conséquence, nous pouvons garantir que notre planète restera florissante pour les générations à venir”.

Une autre priorité absolue pour Biden doit être la révocation d’environ 200 décrets et mesures environnementales unilatérales adoptées par l’administration Trump. Quelques jours seulement après son arrivée au pouvoir en 2017, M. Trump a ordonné l’arrêt d’études d’impacts environnementaux pour faire avancer des projets de l’industrie de combustibles fossiles, destructeurs de l’environnement, par exemple, les pipelines Keystone XL et Dakota Access; il a commencé à démanteler deux grands projets nationaux et a anéanti les projets de protection de l’air et de l’eau.

Le rapport indique que:” La liste des nombreux dommages causés par la politique de Trump serait trop longue à énoncer et à expliquer, par conséquent nous recommandons que le président Biden ordonne à chaque agence fédérale d’inventorier chaque mesure, directive et mémorandum de l’administration Trump dans les 100 premiers jours de son investiture et de tout abroger sans exception”.

Dans la section de son rapport détaillant comment Biden peut garantir la santé et préserver l’environnement sans l’appui du Congrès, où les républicains pouraient contrôler le Sénat, leCenter for Biological Diversity recommande au président élu d’éliminer progressivement les 100 pesticides les plus dangereux, de mettre à jour les lignes directrices sur la réduction des matières toxiques et des plastiques afin d’éliminer la pollution de l’eau et d’exiger que tous les programmes de l’EPA ( Environmental Protection Agency) tiennent compte de l’impact sur les espèces en voie de disparition lorsqu’ils fixent des quotas de pollution.

L’organisation a déclaré dans un communiqué:” L’ EPA n’a jamais fait cela mais les mesures de protection contre la pollution seraient dans tous les domaines beaucoup plus efficaces”.

Le groupe indique dans le rapport que la pandémie du coronavirus a permis de montrer un tableau sombre des conséquences dévastatrices de ‘l’exploitation inconsidérée de la faune’.

Entre autres recommandations, le Center for Biological Diversity demande à Biden d’exiger que l’U.S. Fish and Wildlife Service mette en place un programme de traçabilité à 100% pour tout le commerce de la faune. Le coronavirus aurait ‘été transmis de l’animal à l’homme’ à la fin de l’année dernière, provoquant la pandémie qui a tué plus de 1,5 million de personnes.

Le rapport ajoute: ‘Même avant la Covid-19, les maladies zoonotiques, celles qui se transmettent de la faune ou des animaux domestiques à l’homme, causaient plus de deux millions de décès dans le monde chaque année’.

“L’émergence de nouvelles maladies zoonotiques comme la Covid-19 se produit plus fréquemment en raison du commerce licite de la faune. Une personne infectée par une maladie zoonotique peut maintenant voyager en avion à l’autre bout du monde en moins de 24 heures, délai supérieur à la période d’incubation de la plupart des maladies. Il est essentiel de s’intéresser au commerce des espèces sauvages partout où il se produit.”

Le rapport indique qu’en plus de mettre en place un programme de traçabilité, Biden devrait utiliser l’amendement Pelly pour interdire l’importation de tous les produits en provenance de pays se livrant à un commerce illégal qui “diminue l’efficacité d’un traité international sur la faune.”

M. Hartl a déclaré: “La pandémie nous a appris quelque chose, nous devons fondamentalement rétablir notre relation avec la faune et la nature”. “Si nous protégeons les espèces les plus menacées de la planète, nous prendrons aussi soin des gens. Leur protection nous donnera de l’air et de l’eau plus propres et le risque d’une autre pandémie zoonotique balayant le monde entier sera moins grand.”

Publié avec la permission deCommon Dreams.